CHRONIQUE: LES JOURNALISTES COMME VINCENT FOLY NE MEURENT JAMAIS

    Par Noé Kassius DOTOU

J’aimerais induire ce cliché d’hommage mérité à Vincent Foly à travers ce qu’on peut entendre par  »être journaliste » en me focalisant sur le sens que revêt ce métier d’après Amadou Diallo dans son célèbre témoignage dédié à la mémoire de feu Norbert Zongo.  »Nous appellerons journalistes tous ceux qui écrivent et informent le peuple. Mais, tous ceux qui écrivent ne tombent pas obligatoirement dans cette catégorie. Ici, il ne faut retenir que ceux qui témoignent et qui lèguent à la postérité pourvu qu’ils s’adressent à notre intelligence, éclairent notre vie et nous montrent le chemin du progrès et de la prospérité. Le journaliste n’exerce pas seulement un métier, il le vit et celui-ci est sa religion. Il croit en ce qu’il écrit et prend garde de n’écrire que ce en quoi il croit et ressent pleinement. Il ne recherche que l’expression de la vérité et la livre sans craindre personne hormis l’erreur, l’injustice et sa propre conscience. Sa plume inspire et guide l’humanité »

Loin de tout élan d’éloge posthume de charme ou encore d’une tentative de fantasmer sur le décès de l’illustre disparu, Vincent Foly avait incarné tout au long de sa carrière cette espèce de journaliste. D’ordinaire pétri d’un courage qui confine à la témérité, il ne considère que la vérité et n’hésite pas à prendre des positions qui feraient fuir bien d’autres. Jamais, il n’a ménagé aucun effort pour libérer les autres et rapporter la vérité qu’il en soit puni de prison, de mort ou de pendaison. Par ailleurs, à relire aujourd’hui l’immense corbeille de chroniques et d’éditoriaux qu’il laisse derrière lui, nul doute de s’apercevoir que c’est d’abord en se conformant et en respectant ses principes de probité, d’humilité et de sagesse, et ensuite, en vivant intensément et concrètement selon les canons éthiques de la noble profession qu’il avait embrassée, que Vincent Foly, cet irremplaçable journaliste, cet incomparable professionnel des médias a su transmettre à sa corporation, notamment à sa fraction de jeunes, son goût, non seulement pour la justice et l’équité, mais aussi, son aversion pour la compromission et la résignation dans le travail.

Je suis sûr, sauf mauvaise foi, les différentes faîtières de la presse béninoise lui en seront définitivement reconnaissantes car il a fait sien et intériorisé ce vieil adage qui dit qu’en mourant, les vrais journalistes ne cessent pas de vivre. En effet, Vincent Foly est mort  mais il ne cessera pour autant de vivre dans les cœurs et dans la conscience de nombreuses personnes. Cela étant, son suprême sacrifice a fait de lui un modèle définitivement logé, en bonne place, dans la mémoire collective et affective du peuple béninois, au-delà du monde des médias. Les autorités politiques, administratives, voire diplomatiques savent bien de quoi je parle. Toujours prêt à dégainer le verbe dans son esprit critique taillé sur droiture, les différents régimes présidentiels et parlementaires qu’il a côtoyés garderont aussi de lui le souvenir d’un professionnel défieur.

Chronique de Noé Kassius DOTOU

La dernière fois que je l’ai eu par échange WhatsaPP, sans savoir que c’en était l’ultime, remonte au 06 août 2021 passé. En réalité, j’ai écrit à Vincent Foly, que je suis très content de savoir que son journal  »La Nouvelle Tribune » sera bientôt de retour dans les kiosques, suite à la levée par la Haac de la sanction qui l’a réduit au silence depuis 2018. Comme à son habitude, il me répondit les secondes qui ont suivi en ces termes  » Merci mon cher Noé, grand communicateur devant l’Éternel. Que Dieu nous garde ! ». Avec un profond sourire dans un coin du visage, je lui répliquai que  »je vous le dois, vous qui m’avez fourni les premières armes en la matière », puis il ajouta ceci  »Tu n’aurais rien fait avec notre soutien supposé, sans tes talents intrinsèques !! ». Voyez-vous jusqu’à quelle altitude volent les ails d’humilité de ce grand albatros de la plume ? 

J’avoue qu’en dehors de l’agonie éprouvée lorsque le destin jaloux s’est empressé de m’arracher précocement ma tendre et inoubliable Mère, jamais une douleur et une souffrance aussi dévastatrices n’avaient tétanisé mon être jusque dans ses entrailles avec cette perte cruelle du désormais ancien Directeur de Publication du journal  »La Nouvelle Tribune ». Le Bénin aura plus que jamais besoin des journalistes de sa trempe. Ce n’est pas Wilfried Léandre Houngbédji,  grand ami de l’Homme, que je sais sincère, qui va m’opposer une contraction sur ce point. Loin s’en faut. Pouah!

Noé Kassius DOTOU

LA REDACTION

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