L’économiste, écrivain et haut fonctionnaire français, Jacques Attali expose les défis à relever par l’Afrique dans la seconde moitié du siècle en cours. «La deuxième moitié du 21 ième siècle sera africaine» dixit Mr Attali.

Dans un entretien par visioconférence réalisé par Jeune Afrique, Jacques Attali s’est prononcé sur les principaux enseignements de Africa Trends 2021 qui est un rapport exclusif sur les « tendances de fond sanitaires, politiques, économiques, environnementales et technologiques des pays africains », ainsi que sur les rapports du continent avec ses partenaires (États-Unis, Europe, Chine, Turquie) et sur le futur de la « francophonie Économique ». Au cours de cette émission, l’ancien conseiller de François Mitterrand et d’Emmanuel Macron a répondu aux questions de Jeune Afrique sur les tendances de fond et les « disruptions » appelées à affecter les perspectives du continent. Répondant à la question portant sur les « risques sanitaires » au-delà de la pandémie pour Afrique en 2021, Jacques Attali affirme : « En termes de mortalité, les chiffres sont clairs. Dans le seul cas du paludisme, il y aura vraisemblablement 100 000 morts de plus en 2020 qu’en 2019, avec une mortalité grimpant de 400 000 à un demi-million de morts. Cela est dû à un ralentissement dans la prévention et dans le traitement des crises».
« Selon le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la lutte contre le paludisme pourrait perdre dix ans, ouvrant la voie à une nouvelle détérioration ou, au mieux, à une faible amélioration en 2021. Il en va de même pour la lutte contre la poliomyélite, la variole et la fièvre jaune, avec d’énormes retards pris dans la vaccination. C’est la première fois depuis vingt-huit ans que la couverture des enfants par le vaccin DTP (vaccin diphtérique, tétanique et poliomyélitique) est en retrait ! ».
Par ailleurs l’économiste précise que dans d’autres régions du monde aussi, le suivi et le traitement de diverses maladies ont été retardés par la pandémie. « Il est vrai que les milieux fragiles ont été affectés dans toutes les régions et tous les pays, même développés. Là où il y a fragilité, la pandémie affecte davantage de gens, directement et indirectement », a-t-il expliqué. Rappelons que cet entretien fait suite à une étude du cabinet de conseil Attali & Associés, fondé par l’économiste et intellectuel Jacques Attali, qui s’est penchée sans concession sur les impacts souvent oubliés ou sous-estimés de la pandémie dans les pays africains, ainsi que sur les « disruptions » économiques, sécuritaires et diplomatiques des dernières années, appelées à affecter les perspectives du continent au moins sur le moyen terme. Avouons que ce document, que Jeune Afrique a pu consulter, met toutefois la lumière sur plusieurs développements positifs, notamment dans les domaines technologiques et financiers, ainsi qu’en matière de coordination économique dans la région.
La rédaction