CORONAVIRUS : POURQUOI LE PANGOLIN N’EST PLUS LE SUSPECT NUMÉRO 1

Dans une étude parue en août dans la revue médecine/sciences (m/s), des scientifiques français appellent à la prudence : bien que le pangolin ait pu apparaître comme le coupable idéal, les origines du SARS-CoV-2 restent inconnues et toutes les pistes sont encore ouvertes.

Dans le rôle du coupable idéal : le pangolin, singulier mammifère à écailles vendu jadis sur le marché chinois de Wuhan. Dans celui de l’enquêteur méthodique : le virologue Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS et co-auteur d’une étude parue en août dans la revue médecine/sciences (m/s) sur les origines du SARS-CoV-2.

Tuons immédiatement le suspens de ce coronapolar : pour ce chercheur, « la découverte dans le génome de coronavirus infectant des pangolins d’une courte séquence génétique apparentée à celle du SARS-CoV-2 humain a un temps fait penser qu’on tenait un possible hôte intermédiaire, mais le restant de son génome est trop distant », a-t-il déclaré fin octobre dans CNRS Le journallesdites séquences n’étaient identiques qu’à 89 % (pour le Sras au début des années 2000, elles l’étaient à 99,5% avec celles de la civette).

Porcs, chèvres, chats… D’autres suspects ?

Si le pangolin n’est finalement pour rien dans le décès d’1,2 million de personnes dans le monde depuis le début de la pandémie de Covid-19, comment ce mystérieux virus – génétiquement très proche de souches qui ne se transmettaient jusqu’alors qu’entre chauve-souris – a-t-il franchi la barrière d’espèce ? Car à ce jour, aucune épidémie liée à la transmission directe des chiroptères à l’homme n’a été démontrée.

Pangolin: animal asiatique isolé en style carton

« Le génome de SARS-CoV-2 est un puzzle et les mécanismes de recombinaison des virus animaux ayant permis une telle émergence demeurent énigmatiques, reconnaît le virologue. Pour comprendre sa genèse, il est donc nécessaire d’intensifier la collecte d’échantillons chez des espèces sauvages ou domestiques. » Comme le porc, la chèvre, le mouton, la vache, le chat…

Autre scénario, il pourrait également s’agir d’un coronavirus « qui se serait adapté à l’humain il y a déjà plusieurs années, qui aurait circulé jusqu’ici à bas bruit, et qu’une mutation récente aurait rendu plus transmissible d’homme à homme. »

Un virus échappé d’un laboratoire ?

Enfin, les auteurs de l’étude ont beau s’appuyer sur des analyses biostatistiques pour écarter l’hypothèse complotiste d’une création intentionnelle du virus en laboratoire, Etienne Decroly reconnaît dans CNRS Le journal qu’il reste « la possibilité que SARS-CoV-2 descende d’un virus de chauves-souris isolé par les scientifiques et qui se serait adapté à d’autres espèces au cours d’études sur des modèles animaux en laboratoire ; laboratoire dont il se serait ensuite échappé accidentellement ».

S’il est encore difficile de statuer, les scientifiques ont la ferme intention de mener leur enquête à son terme pour parer aux futures pandémies « plus fréquentes, plus mortelles et plus coûteuses » redoutées par l’ONU. Dans un rapport dévoilé le 29 octobre et rédigé par 22 experts internationaux, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité (l’Ipbes, l’équivalent du Giec de la biodiversité), estime à 1,7 million le nombre de virus « non découverts » actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 850 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains.

Par Léia Santacroce / GEO.FR

LA REDACTION

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