Les avocats du journaliste Samuel Wazizi demandent aux autorités d’ouvrir une enquête sérieuse et indépendante pour faire toute la lumière sur les circonstances ayant conduit à la mort du journaliste camerounais, détenu au secret par des militaires et dont la mort en détention a été révélée par une chaîne nationale, confirmée par le syndicat national des journalistes camerounais, puis directement à RSF par plusieurs sources.

Mardi les avocats d’un journaliste camerounais mort en détention, Samuel Wazizi, ont exigé devant le tribunal de grande instance de Buea (Sud-Ouest) qu’une enquête soit ouverte, demande reprise par plusieurs ONG internationales. « Etant donné les faits contradictoires qui entourent la mort de Samuel Wazizi, nous allons demander une enquête sur la cause de son décès », ont expliqué ses avocats dans un communiqué.
Selon eux, le tribunal qui répondait à leur demande émise avant l’annonce du décès de leur client, s’est contenté de citer un communiqué publié par l’armée camerounaise vendredi qui affirme que leur client est mort deux semaines après son arrestation, en août 2019. L’armée l’accuse d’avoir agi comme « logisticien de divers groupes terroristes » dans l’ouest anglophone, déchiré par un conflit séparatiste.
Six ONG camerounaises et quatre ONG internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, demandent également une enquête « indépendante, efficace, approfondie et impartiale » dans un communiqué commun. « Nous sommes toujours choqués que les autorités aient fait disparaître Wazizi et dissimulé sa mort durant 10 mois », affirme dans ce communiqué Felix Agbor Nkongho, Président du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA). À Yaoundé, Douala et Buea, des journalistes s’étaient rassemblés mardi pour demander une enquête, à l’appel du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC).
Pour l’instant, la seule annonce sur les suites de l’affaire a été faite par l’ambassadeur de France Christophe Guilhou vendredi, après un entretien avec le président Paul Biya, qui lui « a dit qu’il allait diriger une enquête », a affirmé l’ambassadeur à la télévision nationale CRTV. Rappelons tout de même que le dernier cas de journaliste mort dans une prison camerounaise remonte au 22 avril 2010.
Le directeur de publication de Cameroun Express Ngota Ngota Germain, dit Bibi Ngota, était décédé “des suites d’infections opportunistes liées au VIH”. Une version officielle à laquelle n’a jamais cru sa famille qui estime que le journaliste a été privé de soins appropriés pour son asthme et son hypertension.
Arthur H