Après une nouvelle attaque djihadiste d’envergure qui a fait 42 morts dans le nord du pays, la pire depuis cinq ans, le Burkina Faso était en deuil mercredi, jour de Noël. On note des morts et plusieurs blessés.
Arthur Houindo
Trente-cinq civils, dont 31 femmes, et sept militaires (quatre soldats et trois gendarmes) ont été tués dans cette attaque armée non revendiquée, menée mardi à Arbinda, près de la frontière malienne.

Selon l‘état-major des armées burkinabè, la riposte a permis de tuer “80 terroristes”. “Une centaine de motos, de l’armement et des munitions en grande quantité ont également été récupérés” sur les djihadistes en fuite.
La commune rurale d’Arbinda, située à 90 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, et sa région ont régulièrement été frappées cette année par des attaques djihadistes, visant aussi bien les civils que les forces de l’ordre.
Début avril, 62 personnes ont été tuées en trois jours lors d’attaques djihadistes suivies d’affrontements intercommunautaires dans la commune, “32 du fait des terroristes”, et “30 du fait des conflits communautaires”, selon le gouvernement.
Deux attaques fin avril et début mai avaient frappé dans la région deux églises, tuant un pasteur et cinq fidèles protestants, puis un prêtre et cinq fidèles catholiques.

En juin, 19 habitants d’Arbinda avaient péri pendant l’assaut mené en plein jour par plusieurs dizaines d’hommes armés.
Le président burkinabè Roch Kaboré en personne, à qui a souvent été reproché son manque de poigne face aux groupes djihadistes qui multiplient les actions violentes, a annoncé mardi soir sur Twitter le macabre bilan de cette “attaque barbare”.
Mardi matin, “un nombre important de terroristes ont attaqué simultanément le détachement militaire et les populations civiles d’Arbinda”, a expliqué l‘état-major dans un communiqué. L’attaque, d’une “rare intensité”, a duré plusieurs heures.
Six civils et une vingtaine de soldats ont été blessés, a précisé le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Remis Dandjinou.
Le président Kaboré a décrété 48 heures de deuil national, mercredi et jeudi, en hommage aux victimes de l’attaque, la pire qu’a connue le Burkina depuis le début des violences djihadistes il y a cinq ans.
Pays pauvre d’Afrique de l’ouest, le Burkina fait face à des attaques djihadistes fréquentes, comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, une spirale de violences qu’il ne parvient pas à enrayer.
Arthur Houindo