Le Ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Arts Jean Michel Hervé ABIMBOLA présente la première Communication sur le thème : « La culture et le patrimoine, une énergie renouvelable pour le dialogue et la paix «

CONFERENCE GENERALE DE L’UNESCO FORUM DES MINISTRES DE LA CULTURE INTERVENTION DU MINISTRE BENINOIS DU TOURISME, DE LA CULTURE ET DES ARTS « Culture et patrimoine, énergies renouvelables pour le développement et la paix. »
Monsieur le Président de la Conférence générale,
Madame la Directrice générale de l’UNESCO,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Chacun de nous ici présent possède un bien matériel ou immatériel hérité ou non, auquel il est attaché. Ce bien que nous appelons communément patrimoine est dans la plupart des cas transmis de générations en générations et représente une caractéristique par laquelle on identifie des individus ou des groupes d’individus. Il est tellement précieux que, le préserver et le valoriser devient pour tout individu un combat noble et vital. C’est d’ailleurs, entre autres, ce qui justifie les luttes identitaires de survie pour certaines communautés que l’histoire nous enseigne à foison. Marcus Garvey, journaliste et homme politique d’origine jamaïcaine n’a-t-il pas affirmé à juste titre qu’«un peuple qui ne connait pas son histoire, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines » ?
Je voudrais ajouter que la diversité de nos cultures et de nos patrimoines, parfois communs, rend ce monde plus beau, et que sauvegarder ces biens irremplaçables ne dépend que de nous qui les avons hérités de nos prédécesseurs. La protection et la valorisation des sites historiques, des sites naturels, des artefacts et de tous les autres patrimoines nécessitent une forte implication des communautés qui les abritent. Il est capital que ces communautés se sentent investies, impliquées, dépositaires de tous ces biens inestimables et de ces valeurs ancestrales. Leur avis doit compter. La préservation et la valorisation du patrimoine culturel, matériel ou immatériel, vont de pair avec le développement socioéconomique dans le sens d’un développement durable.

En effet, la culture et le patrimoine constituent des gisements inépuisables d’activités et de ressources durables pour les communautés et les Etats, grâce aux industries culturelles et créatives qui les recréent en permanence et les enrichissent sans cesse. En somme, ce sont des énergies renouvelables. Par ailleurs, le patrimoine, en plus de ses fonctions symboliques, historiques et sociales, est générateur de richesses dès lors qu’il est partagé, bien géré et valorisé. Il peut contribuer à revitaliser nos économies, faire reculer la pauvreté et accélérer ainsi le développement.
C’est ce qui justifie la demande de restitution de ses biens culturels souhaitée par le Bénin.
Ces trésors, emportés pour la plupart lors des combats avec l’armée française en 1892, constituent aujourd’hui un patrimoine commun qui mérite d’être partagé et mis au service de nos populations. Dans cette dynamique, plusieurs projets importants sont en cours afin de permettre au Bénin d’accueillir ces objets dans les meilleures conditions possibles, comme la restauration et la réhabilitation de plusieurs musées nationaux, la construction de nouvelles infrastructures muséales modernes et aux normes internationales, le renforcement des capacités des conservateurs et des guides, et j’en passe. Le Bénin se réjouit de l’engagement pris par la République française de restituer ces œuvres, et se félicite de la franche collaboration entre nos deux pays, et de la bonne coopération patrimoniale entre nos institutions respectives. Pour faire du patrimoine culturel une réelle source de développement durable, nous devons, chacun sur cette planète, réaliser et nous convaincre de ce que notre patrimoine nous définit et détermine ce que nous sommes, que nous en soyons conscients ou pas. Individu unique, nous sommes liés par nos racines communes au sein des lieux et territoires où nous vivons. La culture et le patrimoine sont, pour ainsi dire, les garants de la paix sociale, car ils fédèrent les peuples et sont des énergies intarissables, énergies renouvelables donc, pour le développement continu des nations.
C’est du moins notre conviction.