L’économie des transports en Afrique semble bien être le parent pauvre de la science économique. C’est du moins le constat et bien au-delà on peut dire que c’est une évidence.
Que peut-on faire ? Pas forcément vous et moi ! Mais des gens qui ont fait le choix de nous diriger. Il urge que les gouvernants africains ne croisent plus les bras. Le développement de notre continent dépend de notre réseau routier. C’est pour cela que votre magazine First Contact Afrique de ce mois en fait son crédo et table sur deux grands projets routiers en Afrique. Il s’agit du projet pont-route-rails qui va relier Kinshasa à Brazzaville de même que le projet routier qui va quitter le Tchad pour le Cameroun.
Ports par ci, aéroports par-là, autoroutes plus loin, sans oublier des échangeurs, ponts, chemins de fer et autres…
En effet, dans de nombreuses capitales africaines, divers projets d’infrastructures de grande taille sont en cours pour finir avec les routes impraticables en saison de pluies. Il ne peut en être autrement, car les africains comprennent de plus en plus que leur émergence économique doit être liée à l’existence d’infrastructures routières de qualité.
C’est le cas du Nigeria, de la République démocratique du Congo et autres…. Ces pays ont des ressources du sol et du sous-sol pouvant soutenir à la fois leur industrialisation et leur commerce. En ce qui concerne le Nigeria, ce pays a 200 millions de populations donc 200 millions de consommateurs potentiels. Il est cependant confronté à la faiblesse des infrastructures de transport. Conséquence, les trafics sont faibles et déséquilibrés en ce qui concerne les flux agricoles mais plus importants pour ceux miniers).
Cette situation découle du fait que le réseau de transports modernes ne s’étend guère au-delà des centres urbains.
Mieux, les infrastructures restent étroitement limitées à quelques zones privilégiées notamment côtières. Dans ces dernières, on observe l’accroissement de la mobilité seulement entre les principales villes. Ceci aggrave l’enclavement des zones rurales et rend l’accès des produits agricoles aux marchés plus difficiles.
Pourquoi un tel état des lieux depuis les indépendances ? En effet, si les infrastructures de transports en Afrique sont restées dans un état comateux, cela est dû au peu d’intérêts des dirigeants par rapports au domaine des transports mais aussi au coût élevé des investissements. On peut également déplorer la non ‘’maturité technologique’’ des africains pour combler les attentes en matières de développement du secteur routier.
Au vu du rôle crucial que jouent les infrastructures dans le tissu économique, quelle stratégie les décideurs africains devraient-ils adopter pour être à la hauteur ?
D’abord, il faut que les pays africains aient une cohérence au niveau de leur système de production. Ce qui va réduire les écarts d’opportunités entre les villes et les campagnes. Ensuite, cela favorisera une meilleure distribution des richesses entre les différentes strates de la société et les zones urbaines et rurales.
Comme on le voit, le rôle déterminant des infrastructures dans la transformation structurelle des économies africaines n’est plus à démontrer. Car, quand, les infrastructures existent, elles soutiennent la productivité, entretiennent la croissance et la création de richesses.
Les États d’Afrique ont compris les enjeux du défi et se sont engagés à combler ce déficit en matière d’infrastructures. Mais comment doivent-ils faire pour avoir les financements nécessaires pour la construction des routes, autoroutes, échangeurs et chemins de fer pour le ‘’déblocage fructueux’’ ?
Les grands projets d’infrastructures sont financés par des bailleurs bilatéraux ou multilatéraux souvent par les mécanismes de prêts. Cela interpelle la conscience des cadres africains qui ne doivent en profiter pour alourdir la note par des surfacturations et des choix technologiques inappropriés et onéreux pour le contribuable.
Ce n’est donc pas exagérer de dire que les infrastructures sont la colonne vertébrale de l’économie africaine. Nous savons bien que la colonne vertébrale donne un point d’ancrage et d’appui à différentes parties du corps et rend possible les fonctions motrices.
Pour cela, il urge que les dirigeants africains comprennent que le développement passe entre autres par le développement de la route.
Wilfrid KINTOSSOU