Hydrocarbures : Le Niger et le Bénin frappent un grand coup

(Vers la construction d’un pipeline entre les deux pays)

Le gouvernement béninois au terme de sa réunion hebdomadaire du mercredi 13 mars dernier a approuvé l’étude d’impact environnemental relatif à la construction et à l’exploitation d’un  système de transport d’hydrocarbures par pipeline entre la République du Niger et celle du Bénin. Un exemple tangible de la coopération sud-sud.  

Un accord bilatéral a été signé le mercredi 23 janvier 2019 entre le Niger et le Bénin,. Objectif, assurer le transport des hydrocarbures en provenance des sites de production au Niger (champs d’Agadem), une localité du sud-est où la China national petroleum corporation (CNPC) extrait le pétrole depuis 2011 vers le Port autonome de Cotonou. C’était à Niamey en présence des ministres  du Pétrole du Niger, Foumakoye Gado et béninois des Mines, Samou Séidou Adambi.

Bonne graine, bonne semence

D’un coût global de quatre milliards de dollars (2 300 milliards FCFA) avec à capitaux publics,  la concrétisation de ce projet de pipeline Niger-Bénin sera bénéfique pour les deux parties. Elle va permettre au Niger d’exporter son pétrole brut. Quant au Bénin, il tirera des profits grâce aux frais de transit.

Pour la cérémonie protocolaire, les deux ministres ont fait des déclarations fortes pour la postérité. « Nous espérons que les travaux de construction, des infrastructures de surface et du pipeline commenceront effectivement en 2019 » a affirmé le ministre nigérien du Pétrole. Il a souhaité que l’approbation de l’étude de faisabilité et de mise en place d’une société de transport « suivent assez rapidement  pour accélérer le chantier de l’oléoduc ».

« Les travaux vont bientôt démarrer et se concrétiser, plus vite que possible », a estimé de son côté, Samou Seidou Adembi, ministre des Mines du Bénin. Pour lui, cette signature marque le premier pas décisif devant enclencher la réalisation de l’ouvrage, dont les dividendes bénéficieront aux populations des deux pays. En outre, il a fait remarquer que parmi les dispositions à prendre pour la suite du processus, figure la mise en place rapide du Comité paritaire de suivi. Il a pour finir souhaité que les différents membres soient vite désignés pour qu’il tienne leur première réunion qui va adopter leur plan d’actions à soumettre pour une approbation dans les plus brefs délais.

Mais avant la concrétisation de ce projet d’envergure,  le gouvernement béninois qui doit voir son territoire traverser par cette infrastructure, devrait entériner en conseil des ministres l’approbation de l’étude d’impact environnemental.

Désormais, c’est chose faite. En effet, au cours de la réunion gouvernementale du mercredi 13 mars 2019, le Bénin a décidé de « Procéder dans quelques jours, à l’approbation de l’étude d’impact environnemental et social, de même que de l’étude de faisabilité. A la suite de cela, interviendront la création de la société de transport dédiée au projet puis la signature de la convention y relative ».

En attendant, les deux parties ont déjà convenu que le régime fiscal et douanier à appliquer au projet par chaque Etat Partie soit pris en compte dans la Convention de transport à signer avec les transporteurs et, par conséquent, retiré de l’accord bilatéral.

Pour ce faire, les gouvernements du Niger et du Bénin sont d’accord pour que les opérations exécutées entre la date de signature de l’accord bilatéral et la date du démarrage de la construction du système de transport soient considérées comme étant accomplies en vertu de l’accord, en bénéficiant toutefois du régime fiscal et douanier de ladite période.

Que devient l’autre projet de gazoduc vers le Cameroun ?

Avec la réalisation de cette infrastructure de transport d’hydrocarbures, le gouvernement nigérien abandonne-t-il l’option de l’oléoduc vers le Cameroun via le Tchad ? Pour le moment, le mystère demeure entier. Mais dans l’agenda de l’exécutif nigérien, on ne dit plus rien au sujet de l’annonce du ministre Foumakoye Gado en ce qui concerne le début de construction de cet oléoduc vers le Cameroun « au plus tard à la fin 2018 ». Les travaux de cet oléoduc étaient chiffrés entre « un et deux milliards de dollars » et initialement prévus en 2013. Mais son démarrage tarde toujours jusqu’à l’annonce de la construction de celui entre le Niger et le Bénin.

Mais à l’analyse doit-on en être surpris ? Les observateurs avertis qui maitrisent les tenants et aboutissants de ce dossier disent de plus en plus qu’une croix sera mise sur le projet vers le Cameroun, car la zone pétrolière située dans la région de Diffa (sud-est) est victime depuis 2015 d’incursions très meurtrières des jihadistes de Boko Haram basés au Nigeria voisin. En novembre 2018, huit civils d’une équipe de foreurs et techniciens de la société française Foraco ont été massacrés dans cette zone lors d’une attaque attribuée à Boko Haram.

Le Niger, pays enclavé et sans débouché sur la mer, a besoin à tout prix d’un exutoire marin pour mieux faire face à la perspective d’augmentation de sa production qui s’annonce.

En effet, estimée à 20.000 barils par jour, le Niger a signé en 2018 un accord d’exploitation d’un second puits pétrolier avec China national petroleum corporation. Ce second puits lui permettra d’atteindre une production « globale de 110.000 barils par jour ». Ce qui implique des moyens de transports adéquats pour son acheminement. L’or noir est jusqu’ici acheminé par oléoducs jusqu’à Zinder (centre-sud nigérien), où il est raffiné. Pour rappel, le Niger seul pays producteur de pétrole africain qui arrive à satisfaire sa demande domestique en produits raffinés grâce à sa raffinerie,

Le Niger qui est l’un des pays les plus pauvres du monde, mais également riche en uranium et en or va bientôt s’imposer en pétrole.

Un cas d’école de la coopération sud-sud

Théoriquement, le projet de pipeline entre le Niger et le Bénin rentre en premier lieu dans le panier des perspectives de coopération agissante entre pays africains.

Bien que sa catégorisation ne soit pas aisée, ce projet permet de mieux comprendre les dynamiques de développement sous régional. Cette coopération sud sud s’entend comme un mode de dynamisme pour la mise en commun des atouts des uns et des autres. Ce qui permet à chaque Etat d’agir en fonction de ses potentialités  et capacités individuelles. 

Ici, dans le cadre de ce projet, il faut intégrer plusieurs paramètres. Le Niger, est un pays enclavé mais qui dispose d’atouts naturels comme le pétrole. Le Bénin, quant à lui est un Etat maritime qui accepte la traversée de son territoire pour permettre l’acheminement du pétrole nigérien dans son port, le Port autonome de Cotonou.

Mais avant, il a suffi qu’on définisse un champ de discussions larges aussi bien politiques, économiques que sociaux. Mieux, avec ce projet de gazoduc, le fil conducteur de la lutte contre la pauvreté sera pris en compte à travers l’étude d’impact environnemental.

Il urge qu’en Afrique, des projets du genre se multiplient.   

La Rédaction

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