L’Afrique martyrisée! Tant par l’esclavage que par la colonisation. L’Afrique moquée! Un état de fait, que symbolise à volonté l’expression ‘’Y a bon banania’’, devenue antologique, raillerie du ‘’singe’’ Noir et de ses lèvres pateuses qui permettaient de croquer le nègre à l’époque. Mais comme dirait le général De Gaulle, l’Afrique libérée? L’Afrique doit se libérer, en tout cas! Des résidus de ses chaines d’hier comme de ses entraves d’aujourd’hui.
Le ‘’singe’’, hier objet de foire dans les salons mondains européens, est aujourd’hui incarné par le footballeur d’origine africaine sifflé dans les stades. Peu importe le talent du footballeur noir, pourtant prisé par les clubs européens, il est Noir et donc sujet à un racisme primaire. ‘’On est chez nous’’, clame le Front national en France, ‘’Retourne dans ta jungle’’, tonnent les ultras supporters de certains clubs européens. Plus qu’une stratégie de destabilisation du club adverse, cet état d’esprit exprimé dans un cadre où le fair play est prôné, traduit un mal profond : les stéréotypes racistes ! Quelle peut être la réponse appropriée à lui opposer?
Au rejet de l’autre doit-on répondre par un repli sur soi ? Certainement pas. Il ne demeure pas moins navrant de constater que dans les championnats africains de football par exemple, point de joueur venu d’Europe ! La cause est connue : les championnats africains de football, pas plus qu’aux footballeurs africains de talent, ne leur offrent aucun attrait, ni en terme d’animation du jeu, ni en matière de gain, et c’est le moins qu’on puisse dire…Dans ce domaine comme dans bien d’autres, l’Afrique n’est pas compétitive, à l’image de sa balance commerciale : déficitaire ! Resté primaire en matière économique, le continent noir se contente de livrer matières premières, on y transforme que si peu de produits ! Les produits finis, de consommation, y sont importés, faisant des Africains des consommateurs passifs, autrement dit l’Afrique manque de générer la plus-value nécessaire à sa croissance économique, à son développement…et se contente d’enrichir les autres nations. C’est bien là un symptôme résiduel de ce qui fut ‘’Y a bon banania’’, en d’autres termes, l’Afrique offre les fruits de ses sols et sous-sols aux autres, plus futés, qui en tirent plus-value… On peut y remédier. Il s’agit désormais de rompre avec cette aberration.
Rompre avec ce positionnement contre-productif, implique que désormais ‘’y a plus bon banania’’, en guise de réponse de la bergère au berger, en renvoyant aux maîtres d’hier qui ont affublé les Africains de cet épithète, qu’un horizon nouveau s’est ouvert, pour l’essor de l’Afrique ! Il faut travailler à cette fin, il faudra faire preuve d’intelligence pour atteindre cet objectif.
Certains experts ont pu déceler à travers la mort du F CFA, une piste pour les pays d’Afrique du Centre et de l’Ouest, de couper le pont avec cette forme d’asservissement qui ne dit pas son nom ! Mais plus que des incantations, des envolées lyriques des panafricanistes du dimanche, pour que véritablement plus jamais ‘’y a bon banania’’, il faut aux Africains adopter des pratiques vertueuses, bannir un certain état d’esprit, incompatible avec la réalisation d’une telle performance. Il va sans dire que la gouvernance doit être améliorée, que les Africains fassent, sans démagogie et fausses postures, preuve de patriotisme ! En faisant leur la valeur travail, et pour principe le travail bien fait, pour des avancées qualitatives, et non privatiser les biens communs asservis pour la jouissance d’un clan, pour des intérêts particuliers, comme on en a l’exemple à foison sur le continent hélas!
C’est la rançon à payer, pour que l’Afrique ne continue pas de voir ses fils et filles prendre le risque de braver les mers, au risque de leurs vies, pour chercher fortune ailleurs, dans un improbable Eldorado. Car, le seul moyen pour l’Afrique de retenir sur ses terres ses talents, est de leur offrir des conditions de vie, meilleures à la galère ambiante actuellement, malgré ses immenses potentialités et atouts. Comme l’exhorte un certain Patrice Talon, ainsi l’Afrique sera révélée au monde…
Wilfrid KINTOSSOU